MEDECINE ET ROBOTIQUE

MEDECINE ET ROBOTIQUE

Comment WATSON est-il utilisé en médecine?

Troisième partie de notre série d'articles: WATSON PEUT-IL REMPLACER VOTRE MEDECIN?

 

Recherche fondamentale: aide à la recherche bibliographique.

La firme IBM a conduit 2 grands projets médicaux. Le premier avec le Baylor College of Medicine, faculté de médecine située à Houston au Texas. Il s'agit d'une étude rétrospective et prospective de recherche de kinase liée à la phosphorylation de la protéine p53(1). (La note 1 explique tous ces termes de façon simplifiée pour les lecteurs non médecins).

Il a été demandé à WATSON d'analyser la littérature médicale de 2003 à 2013. En croisant les informations et en établissant des corrélations, il a retrouvé 9 kinases capables selon lui de phosphoryler la protéine p53. Sur les 9, sept étaient déjà répertoriées comme phosphorylant la protéine p53. Ainsi, une relecture  de la littérature médicale existante par WATSON a permis de découvrir 2 nouvelles kinases qui étaient passées inaperçues. 

Le lecteur non médecin retiendra simplement que 2 composés chimiques ( les kinases) avaient déjà, par le passé, été identifiées dans des expériences. Elles avaient fait l'objet de publications médicales qui décrivaient leurs propriétés mais leur rôle dans la phosphorylation ( l'action chimique qui intéresse les chercheurs) n'avait pas été reconnue. WATSON, en relisant les articles, a détecté ces propriétés. Grâce à la méthode statistique décrite plus haut, il a pu établir que ces 2 composés chimiques avaient une forte probabilité de "phosphoryler". Des expérimentations  ont alors été menées  et ont montrées que les 2 phosphorylaient bien p53.

Le second projet a été conduit avec une grande firme pharmaceutique. Le but  était de rechercher parmi les molécules en possession de la firme celles qui avaient un potentiel de traitement du paludisme. WATSON a analysé la littérature médicale existante sur toutes les drogues pouvant avoir un effet sur le paludisme. Puis toutes les molécules de la firme ont été comparées aux résultats pour rechercher celles qui présentaient des similarités chimiques avec les traitements connus du paludisme. WATSON a identifié 15 candidates parmi les drogues de la firme. Le résultat a été obtenu en moins d'un mois. En parallèle, une équipe de 10 scientifiques a mis 14 mois à produire un résultat. Les 2 listes, celle de WATSON et celle de l'équipe de chercheurs, n'étaient identiques que pour la moitié des résultats. Ce qui signifie que la moitié des conclusions de WATSON n'a pu être retrouvée par l'équipe de chercheurs.

Ces 2 expériences nous suggèrent donc que WATSON peut aider la recherche bibliographique des chercheurs en leur donnant la possibilité d'analyser de grandes bases de données. Ils peuvent ainsi  établir des corrélations entre des résultats existants qu'ils n'auraient pu  découvrir autrement.

Médecine clinique: aide à la résolution de diagnostics difficiles

 Une autre utilisation médicale, très prometteuse, est le diagnostic difficile. Il y a encore peu d'expérience. Un cas clinique d'hématologie, résolu grâce à WATSON a été récemment publié. Une équipe  japonaise a rapporté le cas d'une femme de 60 ans atteinte d'une forme rare de leucémie. Cette patiente était traitée pour une hémopathie que ses médecins pensaient être une leucémie myéloïde chronique. Mais la rémission après chimiothérapie étant inhabituellement lente, les hématologues ont suspecté une forme rare de leucémie. Ils disposaient de la carte génétique de l'hémopathie. En effet, chaque patient bénéficie en début de prise en charge d'une analyse génétique qui permet d'identifier les chromosomes malades. Les médecins ont décidé de comparer les gènes identifiés chez la patiente à l'ensemble de la littérature médicale pour savoir si son profil génétique correspondait à une forme rare. Ce travail de comparaison a été réalisé par WATSON en 10 minutes. Le Pr Arinobu Tojo qui rapporte le cas estime qu'il aurait fallu 2 semaines de travail à son équipe pour réaliser cette recherche bibliographique. Le traitement a alors été adapté permettant une rémission complète. La patiente est sortie guérie de l'hôpital. Pour le Pr Tojo, il ne faut pas conclure que WATSON a sauvé la vie de la patiente mais indubitablement, elle a bénéficié du traitement adéquat plus rapidement que par les méthodes de recherche conventionnelles.

 

Dans la quatrième et dernière partie de notre série, à paraître courant Mars 2017, nous tenterons de répondre à la question posée: WATSON peut-il remplacer votre médecin? 

 

(1) La protéine p53 est une protéine dont l'action, au sein de la cellule humaine, protège de la cancérisation. Lorsque cette protéine est endommagée, la cellule dysfonctionne et peut évoluer vers un cancer. La phosphorylation est une réaction chimique qui aide la protéine à agir. La kinase est une enzyme, c'est-à-dire une protéine qui déclenche des réactions chimiques, ici la phosphorylation. Les cancérologues étudient la protéine p53 sous tous ses aspects: structure, rôle dans la cellule et modes de fonctionnement car sa responsabilité dans la survenue de cancers est majeure. Il s'agit donc d'un très important sujet de cancérologie. 

 

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19/02/2017
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